
Après une inspiration des dynasties Tang (618-907) et Sung (960-1279), je m'inspire de celle des Ming (1368-1644) pour ce Cha Xi.
Pour cela, je sélectionne quelques objets anciens de style qinghua (bleu peint sur du blanc). Ce style est surtout associé à la dynastie Qing, mais avait apparu dès la période Yuan (1277-1367). C'était donc aussi un style courant durant la période Ming. D'ailleurs, cette tasse ébréchée ci-dessous est une imitation de cette époque. Les autres assiettes et tasses de mon Cha Xi sont de la dynastie Qing (1644-1911), mais elles restent en harmonie avec cette tasse mise en valeur sur cette autre création de ma mère.

Pour la théière, j'ai pris la plus vieille et grosse que j'ai (ébréchée elle aussi). Elle date probablement seulement de la période Qing, malheureusement. Mais son style plus 'primitif' et volumineux correspond aux théières Ming. Cette théière a un autre défaut: elle fut cuite à une température trop basse et n'extrait pas le maximum des feuilles de thé.


Quel thé choisir? Pour cette théière, il me faut un thé puissant afin de compenser la perte aromatique et gustative. J'avais pensé à un puerh cuit ou à un vieux Baozhong torréfié. Mais comme mon thème est la dynastie Ming, il était important de rappeler que c'est au début de cette dynastie, en 1391, que l'empereur Hongwu a interdit les cadeaux de thé sous forme de galette. Dorénavant, le thé devait être livré en vrac. Je choisis donc des feuilles de puerh en vrac, non compressé en galette. J'aurais pu prendre du puerh cuit, mais je n'en ai pas en vrac. De plus, ces feuilles de puerh cru de la région d'Yiwu des années 90 ont beaucoup plus de complexité et de force vive que du cuit. Pour un gongfu mémorable, mieux vaut choisir un thé exceptionnel.

Je ne rince pas les feuilles, mais je verse plus qu'à ras bord et chasse l'écume avec le couvercle de la théière. Je rajouterai de l'eau bouillante sur la théière préchauffée afin de compenser son défaut.
Ci-dessous, j'ai pris quelques feuilles après la troisième infusion. Comme je commence ce paquet, les feuilles du dessus sont entières et de taille assez impressionnante.


Je remarque des différences entre les feuilles. Certaines sont sauvages, d'autres non. Leur degré de vieillissement n'est pas non plus tout à fait pareil. Elles proviennent effectivement de l'aggrégation de plusieurs récoltes dans les années 1990. Mais plus de dix ans passées ensemble dans des conditions assez humides leurs ont donné une seule odeur de cave moisie. Mais l'infusion change cela en camphre et en odeurs de sous-bois. Ces odeurs complexes et un peu mystérieuses se marient bien le thème d'une ancienne dynastie.
Au goût, la théière a effectivement adouci ce thé et l'a rendu plus moelleux et moins astringent qu'en zhong. Il semble aussi moins fort. Son impact sur mon corps est plus limité. Pour un puerh pas encore très vieux, c'est finalement pas si mal comme cela.

Et puis il y a le plaisir de pouvoir utiliser cette vieille théière. On s'attache bien plus facilement à un objet unique et ancien, fut-il 'grossier', qu'à un objet de grande série...
C'est un peu pareil pour le pot à eaux usées que j'ai pris pour ce Cha Xi (ci-dessous). Je n'ai pas trop d'idée de son utilisation et date d'origine, mais son état laisse deviner un très long parcours pour me parvenir. J'aime bien son ouverture. Elle ne laisse pas trop apparaitre les eaux usées, ce qui est un plus, sans qu'on ait à avoir peur de renverser à côté.

J'ai un petit regret pour ce Cha Xi: celui de ne pas avoir prévu quelques fleurs. Mais les motifs colorés en tissus les ont un peu remplacées, et leurs couleurs résonnent avec celle du thé. Je suis quand même arrivé à un tout harmonieux. Le weekend commence bien!

Taken from http://teamasters.blogspot.com/
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